jeudi 20 novembre 2008

Etape 7 - Les volumes s'affinent


Packer est presque devenu de l'histoire ancienne. Il reste certes des parties de la voiture qui ont besoin d'un peu de clay en plus, pour fixer un problème de symétrie par exemple, mais le gros du boulot se fait maintenant sur les surfaces.
Ma voiture faisait 5cm de trop en largeur. Problème de report entre le tape et les lignes tracées sur le marbre. Par conséquent, j'ai du gratter un peu plus de clay que les autres...Qu'à cela ne tienne, les volumes se forment plus facilement en dégrossissant qu'en packant. Un mal pour un plus.
Ma surface du haut étant relativement réaliste, je m'attaque aux côtés. Et une fois que les côtés sont à peu près finis (désolé j'ai pas de photos du process -_-;), je passe aux faces avant et arrière.


C'est la qu'on se rend compte de l'utilité de faire une maquette. Je ne savais pas trop quel rayon aurait la courbe qui relie mes flancs à mes faces arriere et avant, et j'ai du me battre avec la clay pour fixer ca. Ca ne serait jamais apparu en 2D, et ca permet de comprendre beaucoup mieux comment sa voiture est construite. En l'occurence, dans mon cas, j'ai du ralonger le portafau avant (partie située entre l'axe de la roue avant et l'extrémité avant de la voiture), pour qu ca évite de paraitre trop plat.

Un peu de détail n'est pas de trop, alors je m'y colle lentement : pare chocs, chanfreins, et 3eme feu stop à l'arrière.

Lors de cette étape, la salle devient dégueulasse : les copeaux de clay s'ammoncellent très rapidement, et ca tombe par terre, et on marche dessus, et ca s'incruste, et ca se decolle très difficilement. Du coup, on à l'impression de marcher sur du chocolat^^

Ou pas.

A cette étape du maquettage, des modeleurs professionnels se joignent à la fête : il y à Roman, le sexagenaire qui bosse chez GM, Robert, son fils, et (j'ai plus son nom) son petit-fils. Roman est arrivé aux USA de Pologne il y a 18 ans, parlant pas un mot d'anglais. Il a encore aujourd'hui un accen à couper au couteau, mais ce type a une expérience incroyable en modelage automobile traditionnel, et possède une compréhension des volumes qui dépasse l'entendement. Il a aussi connu Giacometti ("ouais, c'était un bon pote!" dit-il)...cerise sur le gâteau, Roman a déposé un brevet de clinquant à lame courbe, car, oui, il fabrique lui même ses outils...autant dire que quand il parle, y'a interet à l'écouter!

Etape 6 - On commence à racler

Une fois qu'on a atteint sa ligne de profil et sa ligne de face, et que sa voiture commence à fortiori à ressembler à quelque chose, on peut commencer à racler. En anglais, c'est to scrape. Plutôt utile, surtout quand Andrew, le chinois trop blasé de la vie, fait sa maquette juste à côté de vous, et qu'il répète inlassablement, tel une boite vocale :

"I hate scraping!"

Précisons qu'en fait il aime rien^^.

Pour racler, on va utiliser deux types d'outils :

- Les râteaux, qui sont comme leur nom l'indique de petits râteaux munis de dents plus ou moins grosses, aux lames plus ou moins larges, qu'on va utiliser pour affiner grossièrement ses surfaces.

- Les clinquants, qu'on utilisera plus tard, qui sont des lames d'acier aux fonctions et caractéristiques plus ou moins similaires aux râteaux, sauf qu'ils permettent de travailler sur des surfaces plus larges (et ainsi avoir des surfaces uniformes et bien lisses!)

A cette étape, on peut commencer à tracer au couteau les grandes lignes de sa voiture et les intersections de volumes, pour se donner une petite idée de comment on va former ses surfaces.


Téméraire que je suis je commence à affiner mon toit au clinquant. Ca permet d'avoir une bonne idée du profil final de sa voiture, même si les autres volumes sont pas encore bien définis.


Je commence de même à creuser les parties que je ferais dans un autre matériau. Pour ca, je cale une bande de tape bien droite autour du volume à racler...et je racle. Pas plus dur qûe ca^^.

Y'a une fraiseuse et des imprimantes 3D, je vais pas me priver!

Etape 5 - Objectif passages de roue

Les côtés commencent à prendre forme, et sans perdre trop de temps, grâce à mes deux teammates Ludwin et YongSang, qui m'ont filé un coup de main. Comme quoi on peut packer 5cm de clay en 1h!


La voiture est pourtant encore très loin de ses proportions finales, vu qu'il manque encore les passages de roues (les parties qui cachent les suspensions et tout le bazar). On a déja les morceaux de mousse qui vont servir à les construire, on à juste à les placer la où on veut et rajouter de la clay autour. Si on se démerde bien, ils sortiront sans trop de problème une fois que la clay sera dure.


Comme vous pouvez le voir sur la dernière photo, il reste encore du boulot pour atteindre cette foutue ligne de profil...A la différence que maintenant on va pouvoir commencer à utiliser les outils et que ca va être plus amusant.

mardi 11 novembre 2008

American Neighborhood

En revenant de chez le coiffeur, on s'est arrêtés avec Cédric dans une lotissement résidentiel du côté de Royal Oak, pas loin de Detroit. Un quartier typique à l'américaine, avec ses longues rues bordées d'arbres, son parc et ses jeux pour enfants, ses drapeaux américains, ses mansardes sous le porche desquelles il ne manque plus que le gros redneck dans sa rocking chair, sa chevrotine à canon scié à la main... On se dit que finalement, on nage bel et bien en plein cliché, et qu'on a un peu du mal à y croire.


Et pour finir, Cédric qui se la pète à mort^^

Etape 4 - Et ca packe!


C'est la période du semestre où on veut cravacher pour passer plus de temps sur les finitions. à la fin. Par conséquent, on passe tout son temps libre au studio, à packer. Et à packer encore. Jusqu'à ce que son Ferrero Rocher se transforme peu à peu en son véhicule aux formes aphrodisiaques.

Cette étape est la plus maléfique du maquettage. Même quand la clay est molle, elle est relativement dure (voila quelque chose qui en fait rêver plus d'un je le sais), et ce facteur combiné à sa température à la sortie du four, +/-60°C, en font un matériau horrible à étaler à mains nues. Certains petits malins ont des gants, mais le résultat est tout de même dévastateur. Pianistes s'abstenir.


Du coup, les mais se rident, et les ampoules poussent sur les doigts comme les champignons après la pluie.


On dirait que j'ai presque fini, mais en fait loin du compte : il reste à charger les deux côtés, et croyez moi, c'est pas gagné. A partir de cette étape, on compte plus en nombre de couches de clay appliquées, mais en nombre d'heures passées dans le studio (après 6 jours exactement, plus de 40h déja).

Etape 3 - 1ère et 2nde couche

Et quand la clay est finalement malléable, on peux commencer à packer. Packer, du verbe to pack, charger. Oui, on dit charger une maquette, enfin je crois. L'étape est TRES rébarbative, et surtout lente.


C'est aussi le moment où les étudiants commencent à se prêter aux jeux de mots les plus audacieux visant à comparer le "package" de leur maquette à la taille de leur membre, vu que c'est le même mot en anglais. du coup, certains packent très vite, pour avoir la plus grosse...pas astucieux au final, car la clay adhère difficilement si elle est étalée en gros paquets, et au moment de racler, ce sont des pans entiers qui se détachent...

Mais on y est pas encore.

On packe jusqu'à atteindre la ligne de profil de la voiture, couche par couche, en les mélangant bien les unes avec les autres, et tant que la clay est chaude, pour qu'elle adhère bien.


A cette étape, la maquette est encore à l'état de Ferrero Rocher (et surtout, le marbre est super propre^^)

La première couche est appliquée, on enchaine la seconde.


C'est le moment de constater ses premières conneries, dans mon cas d'avoir fait un coeur de mousse trop petit, et je vais donc packer...7 à 8 cm de clay sur les côtés. >_ô

Petit mot sur : La clay

Tout d'abord je vais parler vite fait de la clay, puisque j'en vois déja qui vont me dire "oh, il fait sa maquette en caca!!" un certain professeur de 1ère année à Strate se reconnaitra...

La clay c'est un espèce d'argile, d'apparence plus ou moins brune, qui durcit à l'air libre et se ramollit sous l'effet de la chaleur : pas étonnant qu'on s'en serve dans l'industrie automobile puisque ses propriétés en font un matériau très modulable, qu'on peut sculpter à volonté. Il en existe de plusieurs densités, celle qu'on utilise au CCS l'est relativement : ca veut dire difficile à racler, mais facile à faire de jolis détails et de belles lignes.

Evidemment, la grosse que vous voyez a été fraisée, j'vous arrête tout de suite^^ Et puis ca c'est chez Citroën.

La clay se présente sous forme de cylindres, qu'on va mettre dans un four spécial pour la ramollir. Ca chauffe à environ 150°F, soit, rapide conversion outre atlantique, 68-70°C. De quoi rendre la pâte bien tendre, sans la brûler.


Evidemment, faut être patient, car la clay dure met environ 3-4h avant d'être bien molle, le double de temps si certains étudiants impatients ouvrent les tiroirs toutes les 10 min pour voir si un pain s'est comme par miracle ramollit. C'est bien la première fois qu'on voit des mecs impatients qu'un truc dur devienne tout mou...

" - Nan y'a plus de clay chaude!
- Comment ca y'a pu de clay chaude?
- Bin faut attendre!
- On va faire un ping pong?"

Bienvenue au CCS.

Etape 2 - La base

Et oui, il faut bien commencer quelque part! Il y a 5 parties essentielles :

- La base, généralement en bois, vissée sur deux trétaux, situés au niveau de l'axe des roues (pour pas les voir quand la maquette sera finie. On découpe cette base en fonction de sa vue de dessus, en laissant 2 à 3 cm d'épaisseur sur chaque face (pour pouvoir charger la maquette avec une bonne épaisseur de clay, mai je vais y revenir), en prenant en compte les espaces pour les roues.

- Le coeur de mousse, une sorte de mousse expansée bleue (la plus légère de celle disponibles à l'atelier), pour alléger considérablement le poids de la maquette au final, qui peut aller jusque 80kgs pour une échelle 1/5e! On en colle plusieurs morceaux ensemble avec de la résine epoxy, en faisant gaffe de pas laisser de trous d'air. Une fois fait, on va la découper de manière à laisser une fois encore 2 à 3 cm d'épaisseur pour l'épaisseur de clay. On racle bien la mousse pour que les premières épaisseurs de clay accrochent bien.

- Les templates, ou sections, sont des planches de bois découpées de manière à montrer les différentes sections importantes de sa bagnole : ligne de profil, de face, parfois de dos, mais certains (comme moi) utilisent aussi les section au niveau des essieux. Les templates sont super utiles pour faciliter la création des surfaces définitives.

- Le marbre, qui est la table sur laquelle on va venir poser sa maquette. Pas n'importe quelle table : ici, les marbres sont plutôt de super trop bonne qualité, montés sur roulettes, avec un quadrillage gravé (super utile pour savoir ou placer ses templates) avec 3 verins pneumatiques pour les faire monter et descendre à volonté, des emplacements pour fixer la base, et un super tiroir pour ranger de la clay et des outils.

- Les passages de roues, généralement en forme de demi-cercles reposant sur une base plate. Il correspondent à l'espace creux où on viendra mettre les roues tout à la fin. Comme on va venir coller de la clay par dessus, on les recouvre souvent de shaterton pour empêcher toute adhésion et les retirer plus facilement plus tard de leur emplacement respectifs.

Je recouvre mes passages de roue d'une petite planche de bois, comme ca je racle pas la mousse quand je viens sculpter le volume par dessus.



Une fois que la base ressemble à la photo juste au dessus, on nettoie bien son marbre de toute la poussière de mousse et on peut passer à l'étape la moins marrante de la conception...

Etape 1 - Le tape

Le tape (prononcez tèpe ou teype), ou plus précisement tape drawing, est l'étape rigolote ou on dessiner avec du scotch noir. C'est certes très pragmatique, mais c'est aussi très vrai. Explications.

Avant de commencer à réaliser sa maquette, il faut commencer par savoir à quoi ressemblera sa voiture vue de côté, de face, et si possible de haut et de dos. C'est aussi l'étape ou on fixe ses proportions définitives, et plus réalistes. On commence par imprimer un sous cul montrant plusieurs vues de sa voiture, avec l'encombrement des passagers, et le moteur, les espaces de rangement, toussa...le tout est soigneusement mis à l'échelle 1/4 (dans notre cas), sur une grille de carreaux de 2.5x2.5 cm, soit 10cm en réalité, paske c'est plus facile de compter par dizaines. Chacun fait ce sous cul à sa sauce : certains préferent des sketch peu précis, d'autres comme moi, préfèrent une base nette tout droit issue de Photoshop.



Par dessus ce sous-cul on vient coller une sorte de papier calque très épais (pour pas gondoler), sur lequel on va redessiner sa voiture avec le fameux tape. On varie un peu les tailles, on le coupe dans tous les sens, on remplit de grandes zones masquées (genre les passages de roue, le bas de caisse), on peut faire des reflets...chacun sa sauce, du moment qu'on se fait plaisir. Le grand avantage de cette étape est qu'on peut modifier des courbes très simplement, juste en repositionnant un morceau de scotch. D'ailleurs, voila Marc entraint de faire son bazar :


On imprime des photos de jantes pour rendre le dessin plus simpa. On peut aussi dessiner très petit, avec des rouleaux allant jusqu'à 0.5mm d'épaisseur. Un mec de la classe s'est amusé à dessiner les LED des phares de sa bagnole...



Certains étudiants se sentent particulièrement créatifs, et font des pense-bêtes, au cas où ils oublieraient à quoi ressemble un homme.


J'vous rassure, on à les même en France. Si vous êtes étrangers aux classes de design automobile, vous pouvez pas comprendre^^

L'étape dure entre une et deux semaines, dépendant de la motivation et de l'état d'avancement de chacun, car faire correspondre toutes les vues les unes aux autres n'est pas si évident que ca en a l'air.

La maquette


Tout étudiant en design automobile sait de quoi je parle. Une fois la phase de sketch finie, il est de son devoir de réaliser la maquette échelle réduite de son projet, souvent 1/5e, parfois 1/4, rarement 1/3. Pourquoi? Parce que c'est bien de savoir dessiner des belles formes, mais si on sait pas les représenter en trois dimensions, ca sert à rien. N'importe quel étudiant en design vous le dira.

Evidemment, on part pas les mains vides. Je vous laisse imaginer la galère si on vous file les outils et on vous dit "Tu vois tes jolis dessins? Bin va falloir les faire en volume, hahaha!"

Très drôle en effet.

Les posts qui suivent retraceront donc les différents étapes de la conception de sa zoulie maquette, avec le matos qu'on a ici, au CCS (autant le préciser tout de suite, y'a pas à se plaindre^^)

mardi 4 novembre 2008

Halloween

Halloween, la fête qu'on connait en France pour ses déviances commerciales outrageuses poussant les parents à acheter des sachets de bonbons "spécial trouille" pour leurs gamins, n'a pas ici le sens galvaudé qu'on lui prete de par chez nous. Il y a certes toute cette tradition autours de ce qu'on appelle ici All Hallow Even (la nuit de tous les saints), avec les déguisements, les bonbons, et tutti quanti, mais ca sonne tellement plus vrai quand les gens qui sont à l'origine de cette fête nous en font partager les moments.

Tout se prévoit un, voire deux mois à l'avance. Les étudiants parlent de leur costumes, s'échangent des conseils pour les confectionner (car les concours du meilleur costume sont moultes), font passer le mot pour les meilleurs soirées organisées dans le voisinage. Car passé un certain âge, la tournée des bonbons ça fait un peu tâche, mais comme en bon américain on veut célébrer l'évènement, on va à une soirée et on danse jusqu'au bout de la nuit.

On a assisté à une soirée dans le musée d'art contemporain de Detroit, 150m à pied du campus. Preuve une fois de plus que dès qu'il s'agit de faire la fête c'est très facile de trouver un endroit...par contre pour le reste...
L'entrée est payante, plutôt normal, vu qu'à l'intérieur la déco est très soignée et un dj assure l'ambiance. Ceci dit, l'ambiance plutôt dark empêche de prendre des photos dignes de ce nom...




Halloween ce n'est plus nécessairement un fête pour faire peur. Les plus petits qui font la tournée des bonbons en bus scolaire (tellement ils sont nombreux) arborent certes les traits des traditionaux squelettes ou autres vampires, mais les plus grands cherchent juste lors de cette fête un bon prétexte pour se déguiser. Du coup on trouve des costumes relativement plus originaux, allant du buisson de papier journal au mec déguisé en panneau solaire.


Le 31 Octobre, c'est la nuit de tous les vices, et en particulier pour les filles, qui en profitent pour faire ressortir la pétasse qui sommeille en elles (en tout cas beaucoup d'entre ces demoiselles sur le campus...). du coup, elle se déguisent en écolière, en infirmière, ou encore en amazone, mais dans leur version la plus dépravée : martinet à la main et jupe ultra courte sont naturellement de mise.


En bon français qui souhaitons néanmoins nous intégrer, on a joué le jeu à fond, et nous sommes aussi déguisés. J'avais gardé les cheveux longs et la barbe de deux mois et demi exprès pour l'occasion, et suis plutôt content de constater que mon costume a fait mouche.




En seconde partie de nuit, des amis nous emmène dans cette zone industrielle désaffectée de Detroit où à lieu une autre soirée, à laquelle on assistera pas puisque c'est trop cher, et que the booze is all gone (y'a pu d'alcool). Ceci dit, notez l'architecture du coin, en vous faisant à l'idée que des gens habitent ici, dans des espaces gigantesques pour trois fois rien.

Les immeubles encerclent le parking. Encore un décor de film de vendeurs de drogue.

Et le méga must, c'est l'ascenseur.